Impasse et stationnement gênant

Publié le

Impasse et stationnement gênant

18 mars 2017 Paris. Marche pour une 6e république a l'initiative du mouvement de Jean-Luc Melenchon Les Insoumis. Entre la place de la Bastille et la place de la République.@Julien Jaulin/hanslucas

Dans un texte publié dans Politis, Pierre Khalfa s’attaque au « populisme de gauche », visant sans le dire la démarche de la France insoumise. Il est bien sûr légitime et toujours utile de débattre autour d’un concept et de ses conséquences stratégiques. Mais il parait tout de même nécessaire, pour éviter de tomber dans des débats purement abstraits, de s’appuyer aussi sur les résultats concrets d’une stratégie : celle de la France insoumise a conduit, pour la première fois depuis plusieurs décennies, un candidat de l’humanisme écologique et sociale à près de 20% des voix au premier tour de l’élection présidentielle.

Pour avoir un débat sérieux et cerner les véritables points d’accroches, il conviendrait également de ne pas tomber dans ce qui ressemble sur un certain nombre de sujets à des procès d’intention. J’y consacre ces premières lignes avant de rentrer ensuite dans le cœur du sujet.

Le populisme ne nie pas la pluralité des antagonismes

Ainsi, si l’auteur du texte admet que la « désignation de l’adversaire est une condition du combat politique », il ajoute que cela « ne doit pas nous amener à passer sous silence les contradictions d’abord chez les dominants mais surtout chez les dominés » et qu’il « est impossible de réduire tous les antagonismes qui traversent la société à un antagonisme majeur ». Pourtant, la théorie populiste ne nie pas les contradictions ou la multiplicité des antagonismes. Elle est d’ailleurs plus souvent critiquée pour incarner une forme de rupture avec l’idée d’une primauté du rapport social sur les autres antagonismes. Elle propose une méthode permettant de regrouper des antagonismes de natures différentes autour d’un principe fédérateur. Ce principe fédérateur passe tout autant par la désignation d’un adversaire (le peuple contre l’oligarchie) que par la recherche des mots ou des idées articulant des demandes à priori différentes. C’est par exemple le rôle d’un terme comme « insoumis ». Ainsi, on peut être « insoumis » à l’appétit sans limite des plus riches, comme « insoumis » à la destruction de l’écosystème ou « insoumis » à la domination étasunienne.

Le populisme et l’extrême-droite

De même, Pierre Khalfa est injuste lorsqu’il reproche à la théorie populiste de ne pas prendre en compte la possibilité d’échouer à désigner le « bon adversaire ». Elle faciliterait dès lors l’essor des idées xénophobes car il serait « plus facile de s’en prendre à un proche, l’immigré par exemple, que de viser un ennemi lointain et inaccessible comme la finance ». C’est faire porter au populisme des responsabilités qui ne sont pas les siennes : ainsi, l’extrême-droite n’a pas attendu le « populisme de gauche » pour chercher à diviser le peuple et à attiser le rejet de l’étranger au bénéfice de son projet politique. C’est même au contraire le mépris du peuple qui a favorisé le travail de ceux qui ont pour projet de détruire les consciences de classe et de substituer au « nous » progressiste un « nous » sectaire et rétrograde.

Il n’est donc pas très sérieux d’utiliser un tel argument, d’autant plus quand on a pu constater à quel point les courants progressistes ont été incapables d’endiguer la progression de l’extrême-droite. En partant des colères et en faisant émerger leurs véritables responsables, la théorie populiste propose au contraire une méthode pour stopper cette progression. Elle a d’ailleurs déjà montré ses premiers résultats. On peut le constater par la première place attribuée à Jean-Luc Mélenchon dans des villes qui avaient mis aux élections régionales l’extrême-droite en tête (pour prendre des exemples symboliques, on peut citer Marseille ou Carmaux dans le Tarn) ou par le score de François Ruffin dans une circonscription largement dominée par l’extrême-droite à l’élection présidentielle.

Populisme et émancipation

Enfin, Pierre Khalfa affirme que la volonté de désigner un adversaire se fait nécessairement au détriment d’un idéal émancipateur. Il oublie, pour prendre cet exemple, que la campagne de la France insoumise s’est construite autour d’un programme exprimant l’idéal d’une nouvelle société. Il ne s’agit donc aucunement d’abandonner toute perspective de transformation et de se concentrer sur une opposition « eux » contre « nous » qui se réduirait finalement, pour reprendre ses termes, en une sorte de « rancœur haineuse ». Non, il s’agit d’admettre que le chemin vers ce projet de transformation nécessite d’abord de partir des antagonismes existant dans la société pour faire naitre l’idée qu’un tel idéal est souhaitable.

Construire le peuple

Une fois écartée ces objections, il me semble intéressant de discuter finalement l’idée majeure du texte de Pierre Khalfa. Il faudrait donc rejeter le principe même de « construire le peuple », car ce concept renverrait à l’idée d’une avant-garde éclairée, entité extérieure ayant reçu pour mission une telle construction. Avant-garde éclairée qui, si l’on suit l’auteur, se résumerait en fait à un meneur charismatique, « chef qui construit le peuple et incarne sa volonté ».

C’est ne pas comprendre ce que recouvre l’idée d’une telle construction. Elle est notamment développée par Jean-Luc Mélenchon dans « L’ère du peuple » : une population, éparse et divisée (appelée multitude dans cet ouvrage), devient un peuple politique en se mettant en mouvement autour d’objectifs concrets. Nul besoin ici, donc, d’un agent extérieur qui voudrait « construire le peuple » à ses dépens. Nul besoin d’une avant-garde éclairée qui aurait compris mieux que les autres et qui voudraient conduire le peuple vers un chemin hasardeux. Non, c’est la population, dans sa prise de conscience (comme c’est, dans la théorie marxiste traditionnelle la classe ouvrière en prenant conscience d’elle-même) qui devient un acteur politique et transforme la société pour satisfaire ses aspirations.

Bien sûr, comme chez Gramsci, cette construction ne va pas de soi. Elle est l’objet d’une bataille contre la résignation et d’un affrontement culturel. Dès lors, dans cet affrontement, les individus jouent bien sûr un rôle. Ils sont multiples et plusieurs. C’est l’habitant qui n’accepte plus une situation et propose à son voisin de s’organiser pour résoudre le problème, initiant une dynamique locale d’auto-organisation. C’est ce jeune tunisien qui met fin à ses jours, libérant par son acte toute la colère sourde d’un peuple enfermé.  C’est le syndicaliste qui rompt le règne de la terreur dans son entreprise et ouvre le chemin de la contestation. C’est, parfois, ce candidat à l’élection présidentielle de la 5ème République, qui illustre par sa candidature une idée et un projet. Nul autoritarisme ici, seulement la place de l’individu, ou du groupe d’individus, non pas pour dominer mais pour déclencher.

Dans sa conclusion, Pierre Khalfa identifie d’ailleurs la possibilité de substituer à l’individu une abstraction. Il ne semble pas comprendre que dans la théorie populiste l’individu (utiliser le terme meneur serait déjà accréditer la thèse d’une avant-garde éclairée) n’est déjà qu’une représentation « ultime » d’une idée. On se dit alors qu’il n’y a qu’une incompréhension et que nous ne sommes finalement pas loin d’être d’accord. Mais Pierre Khalfa douche notre optimisme en tournant le dos à l’idée de « construire un peuple » qui ne serait qu’un objectif ambigu : il faudrait en revenir à une stratégie de rassemblement de groupes sociaux autour d’un programme commun. C’est ne pas tenir compte des conséquences du nouvel âge du capitalisme (individualisation des parcours, précarisation de l’ensemble de la société, affaissement des structures sociales de résistance) qui nécessitent de penser une stratégie majoritaire à partir d’une population aujourd’hui atomisée. C’est à cette question que cherche à répondre, modestement, les thèses de « l’ère du peuple ». En méprisant ces tentatives pour réhabiliter une vieille stratégie de rassemblement de la gauche, Pierre Khalfa risque de préférer à l’impasse un stationnement gênant.

Inscrivez-vous à ma newsletter

13 commentaires

  1. Ces pinailleurs me soûlent. Si on les attendait, les ultra-riches et leurs prédations ne risqueraient pas grand chose; Ce Khalfa est, à mes yeux, le type même d’opposition qu’un Macron adore. La preuve que la stratégie de la FI est la bonne, c’est bien la rage, les insultes, les calomnies dont elle est l’objet, au travers des attaques à l’encontre de ses députés et de Mélenchon lui-même, de la part du pouvoir et du grand patronat patronat, par journalistes interposés.

  2. Je rejoins Manu Bompard dans l’interrogation sur l’utilité d’une énième chicaya au sein des convaincus. Qu’on le veuille ou non, désormais la place d’opposant est prise et elle l’est par la France Insoumise. On peut toujours gloser sur la méthode, s’insurger contre la faconde envahissante du « patron » mais il n’empêche, pour reprendre la métaphore circulatoire, qu’on occupe la voie et qu’importe si les poursuivants klaxonnent.

    L’idée que le populisme de gauche néglige les contradictions du peuple est un sophisme, puisque l’Être humain n’est par essence, qu’un amalgame de contradictions. Les Insoumis, comme Pierre Khalfa d’ailleurs, vont à l’hypermarché qui opprime les petits producteurs, peinent à prendre leur vélo plutôt que leur voiture et parfois même s’achètent des billets d’avions à vil prix, car leur égoïste désir de voyage a pris le pas sur la menace écologique.

    Dans un absolu terrifiant, il faudrait donc, pour se soustraire à toute contradiction, être parfait avant que de militer ou de tenter d’agréger les contraires. Monsieur Khalfa, un syndicaliste CGT qui vote FN est un xénophobe, certes, mais c’est aussi pour nous, un militant insoumis en devenir. Le populisme de gauche fait le pari de l’Education populaire qui l’amènera de « facho à fâché ».

    Et puis enfin et surtout, plutôt que de privilégier la théorie politique, il y a au coeur de notre vision l’irrefutable objectivité, non des idées bien sur, ce serait tomber dans un bien piètre piège que d’y prétendre, mais des faits. Les faits sont irréfutables comme autants de signaux indéniables d’une oppression, d’une injustice, telles, que lorsque nous y sommes confrontés, il faut faire fi des mots et passer à l’engagement. Cela peut paraitre très reducteur mais la fréquentation quotidienne du malheur et de l’injustice, laisse peu de place aux querelles d’alcoves. Alors oui on ratisse large on prend tous et toutes pour peu qu’ils puissent un jour faire foule et envahir les chaussées !

  3. Bravo manuel pour cette contribution que je partage. Je comprends mieux pourquoi depuis 20 ans  » la gauche radical » dont Pierre Khalfa etait un des grand theoricien tournait en rond, cette gauche radicale etait pres a faire de la tambouille avec les appareils du PS , les verts etc…tout cela pour sauvgarder quelques elus et du coup faisait des scores minables aux presidentielles (npa, pcf etc.. ). Je me suis fait piegé durant des années avec ces ideologues que representent en parti la pensée et reflexion de M.Khalfa. Tous ceci fait parti du vieux monde qu il faut depasser pour avoir des chances d aller au pouvoir pour proposer une alternative credible ou l’humain, la nature et la planete seront en harmonie …

  4. J’avais lu le texte de Khalfa et j’étais resté sidéré de la conclusion en forme d’appel à un programme commun avec les « partis » (jamais nommés toujours présents).
    Cette lecture de Khalfa m’a fait pensé à une histoire que l’on raconte aux enfants pour s’endormir, en forme circulaire pour revenir au fait qu’il faille dormir.
    Bravo Mr Manuel Bompard pour ce texte réfléchi et argumenté. Votre interview dans « le vent se lève » montrait des éléments forts de la stratégie FI, vous les confortez. Merci

  5. Je rajouterai, la pédagogie comme arme complémentaire à celle du populisme. Ce dernier part de l’écoute des colères, leurs compréhensions, et tout simplement les exprimer à un niveau politique, car qu’est-ce que le politique sinon être le porte-parole de la volonté du peuple ? Il s’agit ensuite de faire naitre une alternative. Expliciter les mécanismes qui ont conduits à, et régissent la situation actuelle (désigner l’ennemie), et proposer les solutions qui sont les notre (notre idéal). Démontrer comment elles s’articulent entre elles et comment elles modifient le monde. J’opposerais donc le populisme démagogique qui exprime que que le peuple veux entendre (une simplification facile et efficace de la réalité), au populisme pédagogique qui s’adresse au peuple pour qu’il pense par lui même, l’enrichir de la compréhension du monde (par ceux qui ont le temps de ci-mettre). La soif de savoir, et la fabrication de savoir dans les auditeurs/penseurs de la FI est grande !

    Le peuple se construit dans le mouvement, dans l’action ? Pourrait-on dire que le peuple se construit, cad se fédère, lorsqu’il qu’il énonce et prend conscience d’un projet collectif ?

    Il me semble alors important de mettre cela en parallèle avec la notion d’identité. Je suis du groupe de ceux avec qui je partage une identité, spirituelle, géographique, intellectuelle, culturelle, historique, etc. Mon identité est donc multiple, multi-échelle (les fameux cercles concentriques de l’empathie). Ma famille, ma ville, ma région, mon pays, mon Europe, l’humanité. Aucune n’étant exclusive. Et oui, c’est la que je voulais en venir, l’Europe. Faire peuple, ce n’est pas se faire groupe par opposition à un autre. (c’est sans doute aussi un objet de discorde avec ce Pierre Khalfa). Faire groupe autour d’un projet collectif à un niveau n’empêche pas d’en avoir un plus large. Celui de l’Europe, par exemple. Il n’y a donc pas besoin d’être populiste pour être raciste, ni de détester son pays pour aimer sa région, ni enfin de détester l’Europe pour être patriote !

  6. ça fait un moment que politis tire sur tout se qui bouge à gauche,que ce soit la F.I ou sur fakir. mais belle analyse. Bref, la lutte continue.

    Amitiés.

  7. Le peuple qui souffre depuis des décennies n’a plus qu’une issue: voter pour la FI qui est la seule formation proposant un changement radical dans l’intérêt du plus grand nombre.
    Tout le reste n’est que bavardages et combines.
    L’heure n’est pas à chercher des poux dans un programme social mais à faire tomber un système qui fait le malheur d’une majorité depuis trop longtemps.
    Moi je n’oublie pas que nous avons échoué parce qu’une « extrème gauche » a préféré nous faire perdre en présentant des candidats (qui ne voulaient pas être élus !) plutôt que nous soutenir.

  8. Je ne suis pas d’accord avec vous et nous verrons bien si votre  » modération » vous permet de laisser ce bref message en ligne.

    Mélenchon a réussi le formidable pari de réunir 7 millions de voix à la Présidentielle. Grace à ses talents de tribun, il a réussi à amener une importante fraction des couches exploitées et dominées à voir en sa candidature une espérance. Mais, comme il n’a voulu, au nom de son populisme dogmatique, venu de Chantal Mouffe, passer aucune alliance avec qui que ce soit, il a été évidemment battu de 600 000 voix ! Et il s’en étonne ! Il a créé lui même les conditions de sa défaite.

    Il y a quelques jours, Mélenchon dérape en déclarant dans Marianne que s’il avait été élu, Hamon serait premier ministre … Quoi ? Jamais il n’a proposé cela à Hamon ! Et pour cause ! Puisqu’il ne voulait nouer aucune alliance ! Cette déclaration de Mélenchon est incohérente avec sa propre ligne.

    Mais l’incohérence semble de plus en plus manifeste chez JLM. Le 23 09 à la Marche Nationale de la FI, il appelle à un déferlement d’UN MILLION DE manifestants sur les Champs Elysées, contre la politique de Macron. Bravo ! Voià une juste et belle perspective ! Qui exige le Rassemblement de tous les syndicats, partis, associations , hostiles aux ordonnances et aux mesures de Macron ! Et puis après ? RIEN . DISPARUE. On passe à autre chose ! JLM lance une perspective juste mais ne met en oeuvre aucun moyen d’y parvenir vraiment. C’est juste qu’il veut sur lui et son cercle rapproché , non élu, par qui que ce soit, les lumières de la scène. Occuper le terrain.

    Il n’a pas mis en oeuvre ici encore un combat pour l’unité de combat dans la rue contre Macron.

    Voici maintenant que JLM se lève au Parlement pour s’émouvoir et jouer les Contre Premier Ministre sur…. la Catalogne ! Et que propose-t-il donc ? Pas grand chose. Il parait que  » la patrie républicaine » serait en grave danger s’il y avait des troubles aux frontières avec l’Espagne …. C’est tout simplement ridicule. Verbiage creux ! Il s’agit encore une fois de se montrer aux sun-lights pour jouer les chefs ! Comment ose-t-il parler de  » patrie républicaine » le jour même où Macron supprime l’Etat de droit avec sa législation perennisant l’Etat d’urgence ??

    A force de vouloir occuper tous les terrains comme caudillo populiste , Mélenchon est obligé de divaguer et de se mêler les pinceaux, malgré ses très grandes qualités de tribun. Il met à son veston le drapeau de la Catalogne ( à la place du triangle rouge des déportés politiques..) et il multiplie les références dans son discours à la …nation espagnole !!! Pas un mot sur la nation catalane ! Et il soutient vaguement la perspective de Podemos d’une Assemblée constituante pour redéfinir l’Etat moderne Espagnol. Alors, pourquoi diable arborer sur sa veste ….le drapeau catalan ?

    Le populisme de JLM et de son Cercle rapproché, non élus par des militants souverains, aboutit à la division bien réelle dans les luttes sans compter le mutisme complet sur la stratégie des appareils syndicaux ui ont fait capoter toutes les luttes de masse aux temps de Sarkozy et Hollande ! Mélenchon est MUET et à plat ventre devant les directions des appareils intégrées à l’Etat bourgeois.

    Déjà les 7 millions de voix NE SE SONT PAS retrouvées aux Législatives !! La FI clamait que SI ils votaient, elle aurait 180 députés et qu’elle était candidate à gouverner avec Macron.. La FI a obtenu 17 députés et NON PAS 180 !!! Mais on ferme les yeux. Aucune autocritique !! Ce n’est pas avec 17 députés qu’on a la majorité au Parlement !!!

    STOP. Incohérence et confusion. Voilà le populisme de Madame Mouffe. La FI a perdu une bonne partie de ses 7 millions de voix. Une stratégie d’UNITE de tous les groupes assos et partis et syndicats contre Macron et sa politique mortelle DOIT ETRE IMPULSEE.

    1. Si Mélenchon s’était allié avec des représentants de la « gôche », je n’aurais pas pris la peine d’aller voter…
      C’est précisément cette totale rupture qui m’a redonné espoir.

  9. je ne savais pas si je commentais l’article de Khalfa en reprenant tes propos ou si je commentais le tien en montrant les raccourcis que tu fais sur l’article et surtout en ommettant de parler d’une partie très intéressante de cet article.
    Finalement je suis parti sur la 2éme solution.
    D’abord juste pour les chiffres, commes les Fi aiment les reprendre, les presque 20% d’électeurs ce n’était qu’au premier tour des présidentielles et cela représente beaucoup moins si l’on fait le calcul sur le nombre d’inscrits. Pour les législatives Mélenchon a perdu des millions de voix au premier tour et cela justement à cause de la partie que tu as soigneusement évité de reprendre : son leadership sur le populisme de gauche…

    Insoumis : tu place ce mot dans le sens qui te convient et en fait des héros : « insoumis à l’appétit sans limite des plus riches, comme insoumis à la destruction de l’écosystème ou insoumis à la domination étasunienne. » Certe mais aussi insoumis à la lois ou insoumis à la républiques et dans l’esprit des FI on dérape vite dans ce sens, sutout quand on réclame le bordel plutot que le dialogue.
    D’ailleur Khalfa parle du vocabulaire populiste et on y retrouve l’oligarchie, le systéme, les riches, les banquiers… je vois que tu es aussi prompte à l’utiliser comme la prose que l’on retrouve sur les pages FB de Mélenchon ou du FN. Cela corrobore bien ses propos.

    Tu écris « l’extrême-droite n’a pas attendu le « populisme de gauche » pour chercher à diviser le peuple et à attiser le rejet de l’étranger au bénéfice de son projet politique. »
    Mais Khalfa lui ne le dit pas. tu essaies de lui faire dire des propos qu’il ne dit pas mais qui arrange ta démonstration : c’est toi qui est méprisant dans ce sens et pas très sérieux en pensant que ceux qui te lisent ne vont pas jeter un oeil sur l’article que tu dénonce. Certe c’est une pratique courante surtout sur les réseaux sociaux mais il serait temps de devenir honnêtes dans les propos destinés « à la mass » à moins que cela soit à des fins de propagande…

    La campagne de FI ne s’est pas construite autour d’un programme mais autour du leader qui le représentait et c’est bien de ce problème de meneur dont parle Khalfa.
    Pas de chef, pas de mouvement et nombre de FI ressentent cette ambiguité puisqu’ils prétendent soutenir un programme et n’ont pas besoin de Mélenchon pour ça…
    C’est le gros problème des FI : si mélenchon disparait, les FI redeviennent solubles dans le populisme (droite ou gauche : quand on lit les commentaires il est souvent difficile de faire la différence. Le FN l’a bien compris et c’est pour cela qu’ils font les yeux doux aux FI. c’est aussi pour ça que les FI ont fait de bons scores dans certains bastions du FN.

    En fait le problème c’est que khalfa est de gauche, qu’il écrit dans médiapart, marianne ou l’huma et que cela en fait un adversaire à celui qui se réclame comme étant l’unique gauche.
    Dans d’autre article il explique pourquoi il va falloir revoir votre position (les FI) sur l’Europe. Et pourquoi il fallait clairement appeler à voter Macron contre Le Pen au 2éme tour des présidentielles et là-dessus Mélenchon imbu de lui-même et ravagé par sa défaite n’en a même pas eu la force. Si Fi s’est écroulé depuis la résidentielle c’est bien à cause de son leader et ça ce n’est pas encore audible pour le populisme de gauche. Mais ça viendra comme cela s’est passé pour le populisme de droite : finalement ils ne sont pas si différent, cen’est qu’une question de leadership 🙂

  10. Le dernier militant marxiste du PCI de 1945(organisation que Jean-Luc Mélenchon a connu beaucoup plus tard), âgé de 96ans, qui soutient JLM depuis la fondation du PG, me demande de vous communiquer son commentaire ci-dessous :
    « Le Populisme qu’est-ce que c’est que ça ?

    Tous les mots de la politique dominante mentent :
    Le libéralisme n’a plus rien à voir avec la lutte pour les libertés bourgeoises contre les restes de la société féodalo-aristocratique, mais cache aujourd’hui l’idéal de la domination absolue de la bourgeoisie capitaliste contre le monde du travail.
    La démocratie est devenu le nom de la ploutocratie, grâce à des système électoraux qui permettent sa domination (type Ve République et USA)
    Nous savons qu’un PCF n’a plus rien de communiste, ni un PS ou une sociale-démocratie, avec le socialisme, et ont fini par déshonorer ces noms.
    Et il en va de même avec la gauche, dont Mélenchon a bien eu raison d’abandonner cette notion fourre-tout, qui enveloppe la gauche de la droite, les nouvelles-gauches, gauches radicales, et pseudo-communistes, permettant toutes les combinaisons politiciennes.

    Et voilà qu’on nous sort le Populisme !
    Le Grand Larousse, en donne des définitions qui n’ont rien à voir avec nos problèmes actuels, et c’était devenu la caractérisation de l’extrême droite, un peu débarbouillée du fascisme, et qui, comme lors de la naissance de celui-ci en Allemagne utilisait des revendications et mots-d’ordre gauchistes pour gagner le peuple ouvrier avec les SA de Hitler, liquidés après sa prise du pouvoir. Plus modestement, c’est ainsi que Marine Le Pen a eu l’idée de se démarquer du fascisme paternel, et a réussi à gagner des ouvriers rompant avec le PCF stalinien, grand organisateur de ses défaites.

    Que le mouvement de la France insoumise apparaisse, enfin, comme un mouvement de lutte du peuple, et toute la racaille des droites de droite et de droites de gauche, de hurler : voilà un populisme de gauche, qui équilibre celui de droite, comme deux extrêmes également dangereux pour la démocratie.

    Le problème, pour Jean-Luc Mélenchon théoricien, d’opposer le peuple à la gauche, a tenu à ce que la notion de « classe ouvrière” se heurtait au fait que le peuple travailleur n’est plus seulement ouvrier, mais, comme Marx l’avait prévu, et dès le Manifeste communiste, qu’il y a eu prolétarisation de toutes les fonctions du travail, et qu’il a fini par définir le prolétariat par « ceux qui n’ont que la vente de leur force de travail comme revenu”. Il est évident que la reprise du mot prolétariat n’est pas possible, et que nous ne disposons plus que de ce nom de Peuple, auquel il conviendrait d’ajouter travailleur, et d’y opposer ce contenu dans toutes les attaques auxquelles nous sommes soumis.

    VIVE LE PEUPLE TRAVAILLEUR !

    Michel Lequenne »

    J’ajouterais en tant que soutien de Jean-Luc Mélenchon, que la France Insoumise est diverse et que seul son programme « L’avenir en commun » constitue son drapeau de ralliement. Aussi laissons ces gens de l’extrême-gauche ainsi que les restes de la « gauche » défunte de la loi El Khomri, en marge sur le trottoir quémandant une petite place, pour nous consacrer entièrement à la mobilisation politique du monde du travail. Le terme «populiste» a été porté trop longtemps seulement par l’extrême-droite; et tant de termes comme «gauche» «socialiste» «communiste» ont été tellement flagornés, trahis, salis au point que pour les utiliser cela nécessiterait auparavant un très long développement que peu de gens sont prêts à entendre. Aussi quand Jean-Luc Mélenchon parle de «fédérer le peuple», c’est je crois, l’expression majeure dans son répertoire qui pourrait relever du «populisme», j’entends autre chose. A l’époque de Marx, en France, tous ceux qui pour vivre, n’avaient que leur force de travail (manuelle-intellectuelle) à vendre c’est-à-dire les «prolétaires» n’étaient qu’une grosse minorité parmi tous les «actifs». Aujourd’hui ils représentent plus de 90%, aussi quand Jean-Luc Mélenchon parle de «fédérer le peuple» moi, j’entends «fédérer le monde du travail», et je crois ne pas être le seul! Et bravo pour la belle campagne électorale que vous avez développée. Bon courage pour continuer…Venceremos..!

  11. Mon dernier commentaire n’est pas passé, peut être que celui là, plus court sera retenu.
    Pour « fonder le peuple » il faut aussi tenter de l’unifier, au moins en faisant semblant de l’écouter et de prendre en compte ce qu’il dit.
    Ce n’est certainement pas en insultant à la va-vite qu’on cimente une crédibilité pour des portions du peuple qui pensent différemment…
    C’est le nouveau leitmotiv de JLM, traiter tout le monde de fachos… Je crains qu’il ne sache même plus ce que ça veut dire vraiment… « Le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme et totalitarisme au nom d’un idéal collectif suprême »… J’en ai pas vu des masses et le programme de l’avenir en commun en a tout de même quelques caractéristiques sans être particulièrement autoritaire ou totalitaire… Cette propension à la chasse aux fafs et à en voir partout à la mode « antifa »au nom de l’humanisme et de l’émancipation ne dénote clairement pas d’un esprit très libéral… C’est assez paradoxal… Il est aussi de bon ton de se gargariser avec l’ennemi, par exemple, E.Philippe, d’être un bon, un vrai « Républicain »… Ceci alors que la république peut être fasciste et n’est absolument pas synonyme de démocratie… L’histoire nous le dit, la république n’empêche pas les ignominies, et pire, elle à bien souvent encouragé à les commettre au nom des sacro-saints droits de l’homme. Mais c’est de tradition, on a bien massacré au nom de l’amour de christ… La connerie est légion. Pourquoi démolir une stature dans une agressive désignation de l’ennemi rêvé au lieu de simplement et inlassablement plaider pour des idées et animer positivement le peuple dans son ensemble? Étrange stratégie et malheureuse perte de lucidité que de préférer l’ostracisme à l’esprit de concorde…

  12. Les termes en « isme » sont souvent des insultes lancées à la tête de l’adversaire. Le terme d »impressionnisme » avait été forgé par un critique conservateur à destination des peintres bien connus pour souligner le côté non fini de leur travail. Je ne vois pas l’intérêt ici tenter de ré-évaluer le concept de « populisme de gauche » dont la pertinence se mesurerait au succès électoral de la FI. Comme si un mouvement politique devait servir un concept et pas l’inverse. Au contraire ce genre de concept ne sert à rien si ce n’est se prendre les pieds dedans.

Les commentaires sont fermés.