Lors des universités d’été de la France insoumise, une conférence sur le thème « Faut-il dégager les médias » a créé un grand émoi dans la sphère politico-médiatique. Il s’agissait d’avoir une discussion critique sur le rôle des médias dans notre société.
Un mois et demi plus tard, force est de constater que le système médiatique a assuré sa mission de manière irréprochable. C’est d’autant plus remarquable que les médias ont avec le système éducatif un rôle décisif dans une démocratie avancée. Pour être pleinement citoyen, il faut être en mesure de disposer des savoirs nécessaires pour comprendre le monde : il est incontestable qu’ils ont pris pleinement conscience de cette responsabilité et l’ont assumé avec sérieux.
Ainsi, dans un pays où 9 millions de la population est dans une situation de pauvreté, alors que le changement climatique est entamé, ils auront soigneusement organisé le débat public autour de questions décisives :
- Le gouvernement est-il à mettre sur le même plan que le régime nazi ?
- La résistance a-t-elle participée à la libération du peuple français ?
- Peut-on être chauffeur de bus et machiste sans croire pour autant en une religion ?
- N’est-ce pas aller trop loin que de refuser de participer à une commission avec un ex-premier ministre qui insulte ses opposants politiques ?
- Est-il convenable d’utiliser le réseau social Snapchat pour répondre à des accusations infondées ?
- Peut-on être attaché à la liberté d’expression et aimer la France et sa devise républicaine ?
- Jean-Luc (Mélenchon) et Philippe (Martinez) pourraient-ils prendre des vacances ensemble ?
- Est-il permis d’aller à la rencontre des habitants de la Réunion le même week-end que la fête de l’Humanité ?
Pour tout cela, il est nécessaire de remercier ces éditorialistes brillants qui ont remarquablement fait leur travail : merci notamment à Monsieur Brunet, Monsieur Aphatie, Monsieur Barbier et tant d’autres dont le sérieux et l’engagement ne sont pas suffisamment reconnus.
Il serait injuste de ne pas souligner également la participation à cette mission d’intérêt général du porte-parole du gouvernement Christophe Castaner et de plusieurs députés de la République en Marche : il faut avoir l’honnêteté de reconnaitre des actes positifs malgré les clivages politiques.
Grace à ce travail remarquable, le débat public n’est pas monopolisé par une série de questions négligeables qui auraient pu nous détourner des véritables enjeux pour notre pays :
- Quel a été le résultat sur l’emploi et le niveau de vie des salariés des politiques de flexibilisation du marché du travail ?
- A-t-on connu ces dernières années un plan de licenciements plus important que celui auquel conduit la suppression des emplois aidés ?
- Combien d’argent va rentrer dans les caisses de l’état lorsque l’on baisse les APL tout en faisant un cadeau de plusieurs milliards d’euros aux plus riches ?
- Sur quelle analyse a abouti la commission en charge d’examiner les conséquences économiques et écologiques du CETA ?
- Quand et qu’ont voté les représentants du peuple français au sujet de cet accord de libre-échange avant son entrée en vigueur le 21 septembre dernier ?
- Quel a été le bilan de la multiplication des lois sécuritaires et du recul des libertés individuelles pour la sécurité des citoyens ?
Dès lors, il convient de s’excuser pour cette conférence malheureuse et ces procès d’intention qui ont écorné l’image du système médiatique. Pour ma part, je reconnais mon erreur et je suis profondément désolé si j’ai pu, en relayant cette conférence, blesser ceux qui s’acquittent avec autant de sérieux de leur mission.
Pour me faire pardonner, je leur fait don de ces quelques propositions pour continuer leur travail remarquable :
- En débattant avec Edouard Philippe plutôt qu’avec Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon n’a t-il pas montré qu’il n’avait pas reconnu sa défaite ?
- La coiffure d’Adrien Quattenens n’est-elle pas un manque de respect dans ce si bel hémicycle de l’Assemblée Nationale ?
- En dénonçant la rémunération à la SNCF de la ministre des armées, la France insoumise ne risque-t-elle pas d’attiser la violence contre les contrôleurs ?