Aujourd’hui, on sort un petit peu de la région Occitanie. Direction la région Nouvelle Aquitaine et plus particulièrement le département des Pyrénées-Atlantiques. Au programme, une journée de visite et de déplacements en compagnie de Clémence Guetté, cheffe de file de la France insoumise pour les prochaines élections régionales dans la région et de plusieurs camarades du département : Sylvano Marian, Ida Trichine, Sandra Pereira Ostanel et Eric Lytwyn.
Nous nous sommes retrouvés peu avant 11H00 sur la commune de Laruns à quelques kilomètres du col d’Aubisque. Ici, dans les années 20 a été construite une unité de production hydroélectrique. Un peu plus haut dans la vallée, ce sont 3 lacs qui permettent de stocker l’eau. Puis un réseau de tunnel et de conduites forcées permettent d’amener l’eau jusqu’à des turbines qui convertissent l’énergie cinétique de l’eau en énergie mécanique. Puis des alternateurs convertissent cette même énergie mécanique en énergie électrique.
A l’époque, ces installations ont été construites par les compagnies de chemin de fer pour répondre au besoin généré par l’électrification du réseau ferroviaire. A partir des années 90, la SNCF, alors propriétaire de plusieurs usines hydroélectriques, a engagé la privatisation. C’est la création de la SHEM (Société Hydro-Electrique du Midi). Elle est aujourd’hui la propriété du groupe Engie. Elle gère plusieurs unités de production dans les Pyrénées et dans le Massif Central. Après EDF et la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), la SHEM est le troisième producteur d’énergie hydraulique en France. Aujourd’hui, plusieurs de ses concessions arrivent à expiration. Sous les injonctions de la Commission européenne, ces concessions pourraient être mises en concurrence dans les prochains mois. Cela nous a permis de rappeler notre volonté d’une gestion publique de l’énergie au sein d’un pole national.
Cela nous a également permis d’échanger sur les possibilités de développement de l’hydroélectricité en France. Ainsi, si l’on dit souvent qu’il est très difficile de produire de nouveaux barrages, on occulte souvent les projets de type STEP qui existent à plusieurs endroits. C’est le cas à Laruns. Le principe de la STEP est très simple : il s’agit d’utiliser l’eau pour stocker de l’énergie. Une installation doit comprendre une retenue supérieure et une retenue inférieure, séparée par une unité de production. Quand la demande de production électrique est importante, l’eau de la retenue supérieure est turbinée et la retenue inférieure se remplit. A l’inverse, lorsque la production sur le réseau est trop forte, on utilise le surplus pour repomper l’eau de la retenue inférieure dans la retenue supérieure. On peut également utiliser pour cela des énergies renouvelables intermittentes comme le solaire ou l’éolien.
Après cette visite, nous avons rejoint Mourenx dans le bassin de Lacq. Ici, nous avons pu rencontré l’association SEPANSO qui se mobilise depuis plusieurs décennies contre les pollutions industrielles dans le bassin. Dans le bassin de Lacq, on trouve des gisements de gaz et de pétrole. Jusqu’à récemment, jusqu’à un tiers de la consommation nationale de gaz était produite dans le bassin. En 2013, Total a mis fin à son activité d’extraction de gaz mais des activités industrielles, en particulier dans le domaine de la chimie, se poursuivent. On y trouve notamment une entité du groupe Sanofi, une installation appartenant à Total et deux usines de la multinationale Arkema.
Dès le début des années 70, des témoignages de plusieurs habitants du bassin avaient alerté sur les risques pour la santé des pollutions dues à ces activités industrielles. Mais ce n’est qu’il y’a une dizaine d’année que des premières études sanitaires ont été effectuées : elles ont notamment démontrées une surexposition aux cancers dans la zone la plus proche des installations chimiques. Une autre étude est en cours mais elle se déroule dans une opacité totale et ses résultats tardent à venir.
Par ailleurs, l’association SEPANSO a relevé à plusieurs reprises des situations de non-respect des normes d’émission de produits dangereux. D’autres produits semblent tout simplement échapper à toute réglementation alors que leur dangerosité est établie. Et nous ne parlons pas ici des risques d’exposition pour les salariés : nous avons pu échangé à ce sujet avec un délégué syndical de Sanofi.
Avec les représentants de l’association, nous avons donc pu envisager des actions à mener au Parlement européen ainsi que des propositions politiques à porter dans les campagnes électorales à venir. Il est intolérable que des multinationales puissent contourner les règles en vigueur en toute impunité, tout en recevant des subventions publiques, qu’elles soient nationales ou régionales. Il est insupportable que des élus locaux acceptent une telle opacité sur une situation qui met pourtant en danger une partie de la population.
Encore une journée riche d’enseignement et de colère.