Chasse : en finir avec des pratiques barbares

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Luttes Protection des animaux

Chasse : en finir avec des pratiques barbares

Ce samedi à Toulouse, j’ai participé à l’initiative des associations engagées sur le sujet de la chasse, une première dans la ville rose. Kundera disait que le véritable test moral de l’humanité, ce sont ses relations avec les animaux. Et Gandhi que l’on reconnaît le niveau d’une société à la manière avec laquelle elle traite les animaux. Je crois donc qu’il est de notre devoir en humanité de s’opposer à des pratiques barbares qui nous déshonorent pour la jouissance de quelques uns.

Malheureusement, la France est très en retard en Europe. La chasse à cour y est autorisée alors qu’elle est interdite dans de nombreux pays d’Europe (Allemagne, Belgique, Angleterre). Elle ne concerne que 0,01% de la population. Elle est rejetée par plus de 80% des Français. Mais elle est soutenue par des lobbyistes hyper puissants, comme on a pu le voir récemment avec le président de la République. Et la proposition de loi de mon collègue député de la France insoumise Bastien Lachaud n’a malheureusement pour l’instant pas été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale. Il faut continuer à mettre la pression.

La chasse à la glu est également permise en France, dans cinq départements de la région PACA. Elle est pourtant en infraction avec la directive européenne sur les oiseaux qui interdit les pratiques non sélectives. D’ailleurs, l’Espagne et Malte ont récemment été sanctionnés à ce sujet. Alors que les effectifs d’oiseaux ont chuté de 30% en campagne, cette pratique doit être interdite immédiatement.

La France est aussi à la traine en matière d’encadrement. Elle est le pays d’Europe où l’on chasse le plus grand nombre de jours dans l’année. C’est le seul de ces pays dans lequel la chasse est ouverte tous les jours de la semaine, contre trois jours par exemple en Italie. Il faut réduire cette période : c’est d’ailleurs le souhait de 79% de Français selon un sondage IFOP de 2017. Et il est temps d’instaurer au plus vite le dimanche sans chasse : la nature ne peut pas être confisquée comme cela pour le plaisir de quelques-uns au détriment du plus grand nombre qui s’inquiète des accidents de chasse qui font chaque année une dizaine de morts dans notre pays.

Enfin, la France n’est pas à la hauteur des efforts à produire pour sauvegarder notre biodiversité. A la fin de l’année, au mois d’octobre, aura lieu la COP15 sur la biodiversité. Le dernier rapport de l’IPBES, la plate-forme intergouvernementale d’études sur la biodiversité nous dit qu’un million d’espèces sont menacés de disparition dans les prochaines décennies. C’est une espèce sur huit ! Or un simple week-end de chasse en France tue près de 300 000 oiseaux, soit autant que le naufrage de l’Erika.

Or, au lieu de mettre en place des plans de sauvegarde, on autorise en France la chasse d’espèces mondialement menacées et en déclin. C’est notamment le cas de la Tourterelle des bois et du Courlis cendré. Pire encore, nous détenons un triste record européen : nous chassons en France le plus grand nombre d’espèces en mauvais état de conservation dans l’Union Européenne. Au total, cela concerne une vingtaine d’espèces gibier inscrites sur la liste rouge de l’Union Internationale de la Conservation de la Nature.

Les enjeux autour de la chasse sont donc multiples. Son absence de réglementation impacte notre biodiversité. Elle constitue de fait une privatisation de la nature qui se fait pourtant si rare avec l’urbanisation, la bétonisation et l’artificialisation des sols. Elle banalise des souffrances inacceptables à l’égard des animaux et nous conditionne dès lors à accepter ces souffrances dans la société en général.

Elle porte l’idée inacceptable d’une humanité qui fait de la nature et des animaux des objets qu’elle peut utiliser à sa merci, sans tenir compte des limites de l’une et de la sensibilité des autres. Elle est la domination d’une petite minorité et de ses réseaux opaques sur les intérêts du plus grand nombre. C’est pourquoi je crois que toute conscience sensible à la justice sociale, à la démocratie et à la préservation de l’environnement doit se saisir de la question.

Retrouvez mon intervention lors de ce rassemblement :

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