Jeudi 12 septembre au matin, j’ai exercé mon droit de visite des lieux de privation de liberté au CRA de Cornebarrieu. Ce vendredi, ma camarade Anne-Sophie Pelletier a fait de même au centre de Mesnil-Amelot près de Roissy en région parisienne.
J’ai pu constater des conditions de vie qui portent atteinte à la dignité humaine et renforcent la détresse psychologique des retenus. Au-delà de l’enfermement, un ensemble de détails rendent la vie insupportable : la proximité immédiate de l’aéroport et le bruit permanent des avions, l’absence d’intimité, la grande vétusté et saleté de certains secteurs, le manque d’occupation, l’absence de rideaux aux fenêtres depuis le tragique suicide d’un retenu, Karim Khatar, en septembre 2018.
Le CRA de Cornebarrieu est tristement célèbre pour avoir la durée moyenne de rétention la plus longue. Nous y avons d’ailleurs rencontré une jeune femme retenue depuis 75 jours et à bout de forces : une preuve, s’il en était besoin, que la loi « Asile et immigration » de Macron, qui a doublé la durée de rétention maximale pour la porter à 90 jours, n’apporte aucune amélioration dans le traitement des dossiers et a pour seule conséquence l’allongement des rétentions.
Face à la détresse psychologique de certains retenus, aggravée par la durée de rétention, pas de suivi psychologique, mais un placement en cellule d’isolement « sécuritaire » en réponse aux tentatives de suicide. Bien sûr, les médecins ont la possibilité de délivrer des certificats d’inaptitude à la rétention. Mais en seize ans, selon la Cimade, une seule personne a été reconnue inapte. Ce ne sera pas le cas de cette dame en béquilles suite à une opération lourde et pour qui pourtant les déplacements dans les escaliers, les douches et les toilettes à la turque sont un calvaire.
Parfois, au milieu de cette souffrance, se cachent des moments simples d’humanité. Ainsi, dans une des cours de rétention, les retenus ont fixé des petits bouchons en plastique sur la grille. Ils les remplissent d’eau pour permettre aux oiseaux de venir boire régulièrement. Ce fut un moment bouleversant de voir ces retenus, dont la dignité la plus élémentaire est foulée au pied, manifester ces gestes d’attention. Même entre les grilles d’un centre de rétention, c’est l’humanité qui est la plus forte.
J’ai pu enfin échanger avec un jeune lycéen scolarisé à Toulouse, retenu depuis dimanche en dépit du soutien des équipes enseignantes et des associations. A la sortie, des associations (le Cercle des Voisins, RESF et la Cimade) se rassemblaient justement devant le centre pour dénoncer la rétention du jeune homme ainsi que l’expulsion groupée de familles albanaises le 3 septembre dernier, alors que les enfants venaient tout juste de démarrer leur rentrée scolaire. Aucun enfant, ni jeune en cours de scolarité, ne devrait être enfermé, si courte soit sa durée de rétention. La France est d’ailleurs régulièrement condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme et le Défenseur des droits à ce sujet.
Accueillir dignement les migrants, assumer nos responsabilités et régler les causes des migrations, le programme de la France insoumise s’impose plus que jamais.
Signons et faisons signer la pétition « Plus jamais d’enfants placés en rétention » : https://agir.lacimade.org/retention
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