La gauche et le peuple

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La gauche et le peuple

18 mars 2017 Paris. Marche pour une 6e république a l'initiative du mouvement de Jean-Luc Melenchon Les Insoumis. Entre la place de la Bastille et la place de la République.@Julien Jaulin/hanslucas

L’année 2019 commence décidément en fanfare. Les éditorialistes n’ayant pas mangé suffisamment de caviar cette année, il leur fallait un os à ronger. Ils sautèrent donc sur une note de blog de Jean-Luc Mélenchon relevant une belle ironie de l’histoire autour de la figure d’Eric Drouet. Quelques journalistes n’ayant pas fini de cuver leurs coupes de champagne lui inventèrent une sympathie pour l’extrême-droite. Benoit Hamon trouva là une occasion de capter un peu de lumière médiatique. Il s’attira immédiatement la sympathie du porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, habillant « l’homme aux 6% » du costume de meilleur allié du macronisme.

Mais au-delà de ce vaudeville médiatique, cette polémique révèle l’incapacité d’une certaine « gôche » à penser son rapport avec le peuple. Ainsi, la voilà enfermée dans des postures moralisatrices alors que se déroule sous ses yeux le plus grand mouvement populaire de ces dernières années. Le mouvement des gilets jaunes charrie des colères extrêmement diverses et les solutions avancées ne sont pas toujours progressistes ? Quelle surprise ! Le peuple est divers et ses aspirations parfois contradictoires. Les forces obscures jouent leurs partitions. L’idéologie dominante cherche à façonner les esprits et à distiller les sentiments les plus vils. La bataille culturelle se déroule bien loin des leçons des professeurs rouges, sur les ronds-points de France. « N’ayant pas la force d’agir, ils dissertent » disait Jean Jaurès. C’est sans doute le propre de cette « gôche » de préférer disserter, dans le confort d’un entre-soi minoritaire, plutôt que de travailler les contradictions que contient le peuple des exploités et des oubliés.

Heureusement, le mouvement des gilets jaunes n’a pas eu besoin de ces moralisateurs pour tracer son chemin. Car dans les assemblées citoyennes qui s’organisent dans le pays se forge une conscience collective. Le peuple bâtit là son unité. Il écarte les pièges du pouvoir et disperse le poison de la division que cherchent à injecter les forces réactionnaires. Ainsi, le ras-le-bol exprimé se cristallise aujourd’hui sur les thèmes du partage des richesses, de la justice fiscale ou du renouvellement démocratique du pays. Dès lors, voilà cette « gôche » à distance d’un mouvement qui met pourtant au cœur de l’actualité les thématiques qui fondent son engagement. Cruelle ironie de l’histoire.