La crise sociale et environnementale est profonde dans le monde agricole. 20 % des agriculteurs n’ont pu se verser aucun revenu en 2017. Et 20 % des émissions de gaz à effets de serre du pays proviennent de l’agriculture. La biodivesité s’effondre : comme le souligne l’IPBES, l’agriculture et la déforestation en sont les premières responsables. Tous les citoyens sont concernés : c’est l’avenir de notre alimentation, de notre santé et de la lutte contre le changement climatique qui est en jeu.
Dès le mois de janvier, des tractations décisives reprendront au sein de la Commission agriculture du Parlement européen. Nous sommes à six mois d’un vote capital à Strasbourg sur la Politique agricole commune (PAC) des sept prochaines années. Celle qui devra contribuer à garantir une baisse de 70 % des émissions de gaz à effets de serre globales avant 2030 et notre souveraineté alimentaire.
Cela appelle toute notre implication et notre mobilisation à toutes et à tous. J’y participe du mieux possible en tant que membre de la Commission agriculture du Parlement européen. C’est ainsi que j’ai pris l’initiative d’organiser les Assises de la Politique agricole commune (PAC) ce samedi 14 décembre dans la Drôme, longtemps le premier département bio de France, un territoire qui porte en lui l’expérience de nombreux acteurs qui cherchent à transformer l’agriculture.
L’objectif de cette journée était de réunir des agriculteurs, des syndicats agricoles, des collectifs associatifs, des ONG, des chercheurs, pour débattre ensemble et inventer une politique agricole qui réponde aux défis de la crise écologique et sociale, tout en posant les bases d’une nouvelle approche qui intègre enfin systématiquement les questions d’agriculture et d’alimentation.
Agro-écologie, conditions de vie des agriculteurs et commerce international ont été les trois thèmes structurants de la journée. Dans le contexte où nous sommes, nous avons aussi tenu à porter un un focus particulier sur les retraites agricoles, parmi les plus basses du pays. La plateforme Pour une autre PAC, la Confédération paysanne, la FNAB, le Commerce équitable, le spécialiste de l’agro-écologie Marc Dufumier, l’économiste Jean-Christophe Bureau figuraient parmi les invités dont les idées ont alimenté des débats que nous avons voulu ouverts. Un atelier participatif a aussi permis de recueillir l’expérience et les propositions des nombreux agriculteurs de la région qui se trouvaient parmi la soixantaine de participants à cette journée.
C’est maintenant qu’il faut agir. Le calendrier sur la réforme de la PAC est serré : même au coeur d’une mobilisation critique pour nos retraites, il nous est paru fondamental de tenir cette journée et de s’atteler ainsi à la construction du modèle agricole et alimentaire de demain.
La France insoumise pose déjà des marqueurs politiques forts : mettre fin aux aides à l’hectare, aussi injustes qu’inefficaces du point de vue écologique, garantir des prix minimums rémunérateurs pour les agriculteurs, créer au moins 300 000 emplois agricoles en France, utiliser le levier systémique qu’est le budget de la PAC (le 1er budget de l’Union européenne) en le consacrant entièrement à l’accompagnement du monde agricole dans la transition agro-écologique, s’opposer aux accords de libre-échange, sortir de l’élevage industriel.
Nous nous battrons sans relâche au Parlement européen pour construire des majorités et ne négligerons aucun levier pour améliorer les conditions de vie des agriculteurs, oeuvrer à la transition agro-écologique et créer les conditions d’une alimentation saine pour tous.
Voir aussi : « Il faut une agriculture humaine, paysanne » : entretien dans le Dauphiné Libéré le 11 décembre 2019 : https://www.ledauphine.com/economie/2019/12/11/alixan-pour-manuel-bompard-il-faut-une-agriculture-humaine-paysanne
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