Discours « de Mac-Mahon à Mac Macron » 25 août 2024
Merci beaucoup pour votre accueil, votre présence, votre chaleur et votre détermination. Permettez-moi juste avant de commencer, de dire je crois en notre nom à toutes et tous, notre soutien à nos compatriotes de confession juive après l’incendie criminel de la synagogue de la Grande Motte. Car, nous, insoumis et insoumises, quand une personne est attaquée, ciblée en raison de sa confession religieuse ou de sa couleur de peau, nous sommes toujours toutes et tous à ses côtés. Je voudrais vous dire à quel point il est odieux et insupportable de voir des responsables politiques essayer de faire porter à la France Insoumise une quelconque responsabilité dans cet acte insupportable. Parce que face à l’antisémitisme, face au racisme, on ne se divise pas pour des minables intérêts politiciens. On fait front et on fait bloc. Que cela soit dit une bonne fois pour toutes.
Je voudrais remercier l’ensemble de nos camarades, des équipes du siège de LFI, des insoumis de Valence, de la Drôme, de la région, des équipes d’organisation de ces AMFiS qui ont été encore une fois un très beau succès. Je voudrais saluer la centaine de bénévoles, l’ensemble des intervenants et intervenantes qui nous ont fait l’honneur de participer à nos travaux. Et en particulier, je voudrais qu’on fasse un hommage à monsieur Ayib Daffé, secrétaire général du PASTEF, député à l’Assemblée Nationale du Sénégal. A travers lui je voudrais transmettre un message de soutien au peuple sénégalais qui a repris le pouvoir et ouvert une nouvelle page de son histoire. Merci de ta présence, merci de nous avoir reçus, avec Jean-Luc Mélenchon, au Sénégal.
Ces AMFiS ont été à nouveau un très grand succès. Près de 5000 personnes sont venues participer à nos travaux depuis jeudi, pour se retrouver, pour se former, pour préparer ensemble les batailles de la rentrée. Le succès de ces AMFiS est à l’image de la dynamique de la France insoumise. Depuis le 1er janvier de l’année 2024, nous sommes 70 000 de plus à avoir rejoint le mouvement insoumis. Depuis le 1er janvier de l’année 2024, nous sommes 25 000 de plus à avoir rejoint les groupes d’action pour militer au quotidien. Avec 100 000 personnes engagées partout dans le pays, soyez conscientes et conscients d’appartenir aujourd’hui au mouvement politique le plus important de notre pays. Le plus nombreux, le plus mobilisé, le plus déterminé.
Et je ne peux pas ne pas vous partager mon émotion et ma fierté après avoir entendu les camarades qui se sont succédé avant moi pour prendre la parole. On se disait avec Jean-Luc Mélenchon à côté de moi : « Quel beau mouvement ! Quel beau groupe parlementaire ! Ces élus, ces personnalités qui sont venus aussi pour témoigner des luttes, des combats qu’ils mènent dans la société. Quelle fierté de les avoir avec nous. » Cette fierté, je l’ai ressentie et je la partage avec vous. Et dire cela, ce n’est pas seulement faire des salutations ou remerciements formels comme on le fait chaque fois.
Je suis conscient et vous en êtes conscients, j’en suis certain vous aussi, que c’est cette force de la France insoumise, parce qu’elle s’est plongée à fond dans la bataille après la dissolution par Emmanuel Macron. C’est cette force de la France insoumise qui a permis la victoire du Nouveau Front populaire aux élections législatives. En politique, on a toujours tendance à voir le dernier événement sans se rappeler ceux qui l’ont précédé. Mais c’est aussi d’abord cette force de la France insoumise qui s’est déployée dans la campagne des élections européennes. Je veux saluer également le rôle qu’a joué notre camarade Manon Aubry en menant cette belle liste aux élections européennes.
Il y a un an, quand on discutait dans ces AMFis de cette élection européenne, on se disait que notre objectif serait de ramener au vote des centaines des millions de personnes qui d’habitude se désintéressent de cette élection. Certains disaient : « facile à dire, mais vous n’y arriverez pas, c’est trop compliqué. Les élections européennes, c’est trop lointain pour beaucoup de gens. » Mais on a réussi. Pas totalement sans doute, mais on a réussi. On a gagné 1 million de voix par rapport à l’élection européenne de 2019 ! Et vous le savez comme moi, on a rencontré des centaines de millions de personnes qui nous on dit : « d’habitude je ne vote pas à l’élection européenne, mais cette fois, je vais y aller parce que je sais que cette fois, en votant pour la liste menée par La France insoumise, je vais envoyer un message clair, notamment un message pour la paix. Un message pour dire qu’on va envoyer au Parlement européen des personnes qui ne se laisseront pas faire, qui diront franchement les choses. » On a par exemple envoyé au Parlement européen notre camarade eurodéputé Rima Hassan, encore ciblée, et à qui je veux dire mon soutien et ma solidarité.
Nous avons réalisé des résultats extraordinaires dans la jeunesse, dans les quartiers populaires. Plus de 50 % dans certaines communes : 56 % à Garges-lès-Gonesse, 50 % à Saint-Denis, 42 % à Vénissieux, plus de 20 % à Grenoble, à Strasbourg, à Lille, à Marseille, à Montpellier et j’en passe. Cela a été le résultat d’une campagne extraordinaire dans laquelle, je le sais, vous avez pris toutes et tous une place extrêmement importante. Porte à porte, caravanes populaires, inscriptions sur les listes électorales. C’est ce travail là qui a payé. Et il faudra s’en rappeler pour les prochaines batailles à venir.
Et cette force que nous avons ramené, projetée dans la campagne des élections européennes, c’est elle qui, à son tour, ensuite, s’est engagée dans la campagne du Nouveau Front populaire. C’est elle qui a permis une augmentation extrêmement importante de la participation, en particulier dans la jeunesse et dans les quartiers populaires. Et s’il n’y avait pas eu la campagne européenne de la France insoumise avant cette campagne, alors sans aucun doute que le Nouveau Front populaire n’aurait pas remporté cette bataille. Sachez-le, soyez en conscientes et conscients. Il faut prendre les choses étape par étape. Mais chaque étape vient alimenter l’étape suivante.
Grâce à cette mobilisation, le Nouveau Front populaire a progressé de 3 millions de voix par rapport à l’élection législative de 2022. Et si la participation à l’élection législative en moyenne, a augmenté de 19 points par rapport à 2022, elle a augmenté de 28 points chez les 18-24 ans. Elle a augmenté de 21 points chez les 10 % les plus pauvres. Et cela, c’est le résultat de votre travail.
Mais vous le savez comme moi, il y a encore du travail à faire. Et nous, les insoumis, on n’a pas l’habitude de se satisfaire de la moitié du chemin parcouru. On veut aller jusqu’au bout du chemin. J’ai rencontré, et je sais que vous aussi, des gens qui, au lendemain de la décision de dissolution, se sont dit « Ah, cette fois, on va aller voter aux prochaines élections législatives. Comment on fait pour s’inscrire sur les listes électorales ? » Et on a dû leur répondre que le gouvernement a empêché qu’on puisse s’inscrire à nouveau sur les listes électorales. Nous avons fait un recours au Conseil constitutionnel. Mais celui-ci s’est déclaré incompétent pour juger de la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif.
Nous les insoumis, nous n’allons pas nous faire avoir deux fois. Nous allons donc préparer dès maintenant les prochaines batailles électorales. En toute hypothèse, il y aura dans les prochains mois une nouvelle échéance électorale dans notre pays. Les Françaises et les Français seront appelés à se prononcer à nouveau. Alors, je vous annonce d’ores et déjà qu’en cette rentrée, le mouvement Insoumis va reprendre sa campagne d’inscription sur les listes électorales pour faire en sorte que toutes celles et ceux qui n’ont pas pu voter la dernière fois puissent le faire la prochaine fois.
À présent, puisque nous sommes aux AMFis et qu’on y est également pour apprendre, je voulais vous faire part d’une page peu connue de l’histoire de France. C’est en 1877, sous la troisième République, que cela se passe. Le président Mac-Mahon, monarchiste, dissout l’Assemblée nationale parce qu’il la juge trop républicaine. Cet homme, peut-être que vous ne le connaissez pas. A l’origine, c’est un militaire qui s’est illustré six ans auparavant à la tête de l’armée versaillaise réprimant dans le sang la Commune de Paris.
Il dissout donc l’Assemblée nationale parce qu’elle ne lui convient pas. Après la dissolution, les Républicains gagne les élections législatives du mois d’octobre. Puis ils gagnent les élections cantonales. Et encore après gagnent les élections municipales. Mais le président Mac-Mahon refuse de nommer un Premier ministre républicain. Et s’entête à nommer des ministres monarchistes.
Toute ressemblance avec une situation actuelle n’est pas fortuite.
Alors, mes amis et mes camarades, vendredi, avec Mathilde Panot, nous sommes allés voir Mac-Macron à l’Élysée. Nous y sommes allés ensemble, avec le Nouveau Front Populaire, dans une délégation conduite par Lucie Castets que je veux remercier de nous avoir honorés de sa présence hier. Je veux vous dire que nous avons eu raison de lui faire confiance parce qu’elle en est digne.
Nous sommes allés pour porter un message très simple :
Nous avons remporté les élections législatives.
Nous avons un programme politique clair présenté devant les Français.
Nous avons une candidate pour la fonction de Premier ministre.
Mac-Macron doit donc demander à Lucie Castets de constituer le prochain gouvernement du pays.
Mais Mac Macron a du mal avec la démocratie. Devant nous, au bout de 40 jours, il a tout de même dû reconnaître à demi-mot qu’il avait perdu les élections législatives après avoir perdu les élections européennes. Il nous a dit « je vous reçois en premier et c’est bien la preuve que je tiens compte du résultat des élections. » C’est bien la preuve que la victoire est celle du Nouveau Front Populaire ! Mais Mac-Macron refuse d’en tirer les conséquences. Il s’accroche. Il voudrait choisir lui-même la coalition pour gouverner le pays demain. Vous l’avez vu comme moi. Alors il cherche des prétextes : « Des insoumis au gouvernement ? Non ! Ligne rouge ! »
Ah bon ? Alors peut être aurait-il été davantage honnête de le dire aux électrices et aux électeurs au second tour quand les insoumis ont retiré leur candidature pour empêcher l’Extrême-droite de s’emparer du pouvoir. Parce que dans 39 circonscriptions, un candidat de la France insoumise s’est désisté face à un candidat de la République en Marche pour empêcher l’ Extrême-droite de disposer de la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Parce que 35 députés qui siègent aujourd’hui sur les bancs macronistes ont été élus parce que nous avons pris cette décision difficile. Nous ne manquerons pas de leur rappeler à chaque instant, un par un.
Alors puisque Mac-Macron cherche des prétextes, je veux vous dire solennellement quelque chose. Même si je sais que c’est injuste, même si je sais que nous, les insoumis, nous nous disons trop souvent que c’est encore à nous de faire les premiers pas, que c’est encore à nous de faire les premiers gestes. Mais camarades, nous les insoumis, si nous sommes insoumis, c’est parce que nous avons toujours fait un choix. Et ce choix, c’est que pour nous, l’intérêt du pays, l’intérêt du peuple est plus important que nos intérêts personnels et nos intérêts individuels. Nous avons toujours dit que nous sommes et nous serons toujours du côté de la solution, jamais du côté du problème. Nous l’avons démontré à de nombreuses reprises.
Nous l’avons démontré en renonçant à 100 candidatures pour permettre au Nouveau Front Populaire de se constituer. Et je voudrais ici, en votre nom à tous, saluer les camarades dont certains ici présents qui ont été candidats sous nos couleurs en 2022 et qui ont accepté de ne pas l’être en 2024 pour permettre au Nouveau Front Populaire de se constituer. Parce que les camarades, en acceptant cette décision, ont montré qu’ils étaient vraiment des insoumises et des insoumis car ils faisaient primer, comme toujours, l’intérêt du pays sur leurs propres intérêts particuliers.
Nous l’avons démontré à nouveau quand nous nous sommes retirés unilatéralement dans des dizaines de circonscriptions pour empêcher l’ Extrême-droite de s’emparer du pays. Et nous l’avons fait parce que nous avons vu, nous avons parlé, nous avons rencontré ces millions de gens qui ont vécu cette période la peur au ventre en se disant « je vais commencer à regarder comment m’organiser pour quitter le pays parce que tout le monde dit que de toute façon, dans un mois, c’est l’Extrême-droite qui gouverne la France. » Et comme nous n’avons pas d’autres intérêts que ceux du peuple, c’était la décision qu’il fallait prendre.
Nous l’avons démontré à nouveau en acceptant de renoncer aux noms que nous avions proposés pour la fonction de Premier ministre, alors même qu’en tant que principale composante du Nouveau Front Populaire, nous avions toute légitimité à y prétendre. Je le dis non pas pour signifier que nous serions géniaux, mais je le dis parce que j’entends parfois, souvent dans la presse, parmi certains de nos partenaires, dire qu’il faut lutter contre les volontés hégémoniques de la France insoumise. Et je dis qu’une formation politique qui renonce à ses candidatures, qui accepte de ne pas briguer la fonction de Premier ministre pour permettre au gouvernement du Nouveau Front Populaire de se constituer, c’est une formation politique dont on ne peut pas dire qu’elle a un comportement hégémonique.
Alors, c’est pourquoi hier, Jean-Luc Mélenchon, en notre nom à tous, a posé une question. Et je veux à nouveau la reposer. Parce que pour l’instant, je n’ai pas bien entendu la réponse. La question est simple. Elle pourrait permettre d’obtenir une réponse simple. D’habitude, les macronistes ont tendance, dès qu’on bouge un doigt, un orteil, à nous pointer du doigt.
Donc on a posé une question. Peut-être finirons-nous par avoir une réponse. La question est la suivante et s’adresse aux représentants des trois groupes macronistes de l’ex-minorité présidentielle : est ce qu’ils s’engagent à ne pas censurer un gouvernement de Lucie Castets s’il n’y avait pas de ministres insoumis et à la laisser mettre en œuvre le programme du Nouveau Front populaire ?
Voilà la question que nous leur posons et nous attendons maintenant la réponse.
Vous avez vu depuis hier, ça doit phosphorer ! Ah là, ça discute. « Comment on va faire ? On n’a plus le prétexte qu’on avait prévu d’utiliser. On ne peut plus dire que c’est à cause des insoumis que le Nouveau Front populaire ne peut pas constituer un gouvernement. Ça va trop se voir, que c’est à cause de Macron qui ne veut pas respecter le résultat des élections. Comment on va faire maintenant ? »
Alors il y en a un qui a répondu : Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat. Il n’a pas compris qu’on lui avait pas posé la question. Ou alors c’est qu’il considère qu’il est déjà dans la coalition avec les macronistes. Il dit : « pour nous, c’est non à un ministre LFI et non aussi un programme inspiré par les LFI. » Il se trouve qu’avec 7% des voix au premier tour de l’élection législative, il n’a pas tout à fait le pouvoir d’empêcher un gouvernement du Nouveau Front Populaire de se constituer. Il aurait mieux fait de ne rien dire.
Et puis après, il y a les députés macronistes qui craquent. Il y a quelques pépites. Alors il y en a une, elle est extraordinaire. Jean-René Cazeneuve, député du Gers, 350 000€ d’actions dans le groupe Bouygues. Lui au moins il dit clairement les choses : « pas de ministres LFI, pas de propositions LFI dans le programme, et plus de LFI à l’Assemblée nationale. » Il a oublié de proposer de fermer l’Assemblée nationale et de confier directement les pleins pouvoirs à Macron. Cela serait peut être plus simple pour lui. Je dis cela en rigolant mes amis, mais sachez quand même que la dernière fois en France qu’une personne avait demandé l’exclusion d’un groupe parlementaire de l’Assemblée nationale, c’était en 1940. Jean-René Cazeneuve devrait s’en rappeler.
Camarades, je vous ai dit, sur un ton amusé, les tentatives et les manœuvres du Président de la République pour nous empêcher de gouverner le pays. Mais en vérité, ce n’est pas drôle. Parce qu’en attendant, le pays perd du temps. Parce qu’il y a urgence. Parce qu’il y a des choses à faire tout de suite. Parce qu’il y a des millions de gens qui ont voté pour le programme du Nouveau Front populaire attendant qu’il s’applique maintenant, tout de suite. Pas dans trois mois, pas dans six ans, pas dans quinze ans. Maintenant, tout de suite.
Parce qu’il y a urgence à réparer le bilan d’Emmanuel Macron qui, depuis dix ans, est responsable de la multiplication par deux du nombre de sans-abris dans notre pays. Qui est responsable de la multiplication par trois du nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire. Sous sa politique, on a vu la fortune des 500 Français les plus riches passer de 450 milliards à 1200 milliards. Il y a urgence à reprendre ce qu’ils nous ont volé à toutes et tous. Il y a urgence !
Il y a urgence à agir à l’arrivée de la rentrée scolaire. Il y a urgence quand on sait que depuis 2022, le prix des fournitures scolaires a augmenté de plus de 11%, et qu’elles coûtent jusqu’à 37% plus cher dans les départements et territoires dits d’outre-mer. Si le président de la République avait nommé immédiatement, au lendemain des élections législatives, le gouvernement du Nouveau Front Populaire, alors nous aurions des fournitures scolaires gratuites pour cette rentrée scolaire, comme nous nous y étions engagés devant les Françaises et les Français.
Nous, les insoumis, nous sommes bien sûr un mouvement politique engagé, en soutien aux mobilisations, un mouvement qui s’implique dans les batailles électorales, mais aussi un mouvement ancré dans la solidarité concrète avec notre peuple. Je voudrais donc appeler les différents groupes d’action du mouvement Insoumis à organiser à nouveau cette année, comme nous l’avions fait l’année dernière, des collectes solidaires de fournitures scolaires, pour faire en sorte que nos élèves, nos enfants en France, aient de quoi pouvoir étudier dans de bonnes conditions à la rentrée.
En attendant, trois élèves par classe arriveront toujours à l’école le ventre vide. Comment peut-on croire que l’on peut étudier dans de bonnes conditions le ventre vide ? Avec un gouvernement du Nouveau Front Populaire, nous aurions mis en place immédiatement la cantine gratuite pour toutes et tous. C’est un engagement que nous tiendrons dès que le Président de la République nommera enfin Lucie Castets à Matignon.
Sous Macron, on continuera de subir les fermetures de classes, des enfants sans professeurs pendant des mois. Avec un gouvernement du Nouveau Front Populaire, nous embaucherons les personnels supplémentaires pour réduire le nombre d’élèves par classe et garantir un enseignant devant chaque classe. Nous abrogerons la réforme du choc des savoirs, nous augmenterons le point d’indice des fonctionnaires. Car c’est pour ce programme qu’ont voté les Françaises et les Français aux dernières élections législatives. Et il y a urgence parce qu’à la rentrée, ce sont 100 000 bacheliers qui vont, comme chaque année, renoncer à leur projet d’études supérieures en raison du système Parcoursup. Avec un gouvernement du nouveau Front populaire, nous abrogerons immédiatement Parcoursup pour permettre à nos jeunes de pouvoir étudier dans de bonnes conditions et pouvoir choisir la filière de leur choix.
Il y a urgence face à la catastrophe écologique. Vous le savez mieux que tout autre sujet, chaque jour de perdu est un jour de trop. En 1970, l’humanité vivait à crédit à partir du 29 décembre. Cette année, c’est le 1ᵉʳ août que nous avons déjà prélevé à la planète davantage que ce qu’elle est capable de régénérer. Cet été, nous avons eu encore sous nos yeux les conséquences du changement climatique. La Méditerranée se transforme en cocotte minute entre canicules marines, méga-incendies et feux dévastateurs comme ceux qu’on a pu voir en Grèce cet été.
L’année dernière, un Français sur deux a déjà souffert de la chaleur à son domicile. Les ménages populaires vivent dans des bouilloires thermiques. Une personne sur deux dans le monde subit le manque d’eau ou une eau de mauvaise qualité. Et si l’on ne fait rien, ce sera deux personnes sur trois dans le monde en 2050. Avec un gouvernement du Nouveau Front Populaire, nous instaurons la règle verte. Nous ferons de la planification écologique la boussole de toutes nos politiques. Nous engagerons un vaste plan pour la rénovation thermique des logements et nous protégerons enfin l’eau et les biens communs.
Il y a l’urgence de la rentrée scolaire qui vient, l’urgence d’agir face à la catastrophe climatique. Il y a aussi urgence à rétablir la paix civile en Nouvelle-Calédonie Kanaky. Je remercie Tematai Le Gayic de s’être exprimé sur ce sujet. Là aussi, comme partout, Mac-Macron a semé le chaos en rompant avec l’esprit des accords de Nouméa et de Matignon. Cette semaine, quatre rapporteurs spéciaux de l’ONU ont condamné son bilan. Ils disent que « la tentative de démantèlement de l’accord de Nouméa porte gravement atteinte aux droits humains du peuple kanak et à l’intégrité du processus global de décolonisation. » Avec un gouvernement du Nouveau Front Populaire, nous annulerons immédiatement la décision de dégel du corps électoral et nous reprendrons les discussions dans l’esprit des accords de Nouméa et de Matignon.
Enfin, il y a urgence à rétablir la voix de la France sur la scène internationale. Tout le monde voit que partout dans le monde, on ne reconnaît plus la France aimée, appréciée, soutenue. On ne reconnaît plus la France dont les gens étaient fiers lorsqu’au moment de la guerre en Irak, nous avions dit « non, nous sommes le camp de la paix.» Et voilà maintenant Mac-Macron qui laisse faire le génocide du peuple palestinien sans rien faire. Avec un gouvernement du Nouveau Front Populaire nous mettrons en place immédiatement, comme l’a redit d’ailleurs Lucie Castets, des sanctions économiques, un embargo sur les armes pour obtenir le cessez-le-feu immédiat et nous reconnaîtrons immédiatement l’État de Palestine.
Il n’y a plus de temps à perdre. La France a besoin d’être gouvernée, pas d’être paralysée par un autocrate qui s’accroche au pouvoir. Revenons un peu à l’ Histoire. Revenons à Mac-Mahon. En 1879, il finit contraint de démissionner. Il a dit à l’époque : « soumis avec sincérité à la grande loi du régime parlementaire, je n’entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par ses organes constitutionnels.»
Nous allons dire les choses de nouveau franchement. Si le Président de la République devait refuser de nommer Lucie Castets à Matignon, s’il devait s’entêter à refuser le vote des Français, alors notre réponse tiendra en trois mots :
Censure, mobilisation, destitution.
Censure, mobilisation, destitution!
Oui, censure, car nous déposerons immédiatement une motion de censure contre tout autre gouvernement que celui proposé par le Nouveau Front populaire.
Oui, mobilisation, car nous nous tenons prêts à nous mobiliser dans la rue si le président de la République s’aventurait à poursuivre son coup de force antidémocratique.
Oui, destitution, car nous utiliserons immédiatement l’article 68 de la Constitution afin d’engager la procédure de destitution du président de la République.
Depuis que nous avons fait cette proposition, j’ai entendu beaucoup de choses très surprenantes quand même. Nous serions devenus des partisans du chaos parce que nous proposons d’utiliser un article de la Constitution. Le chaos, généralement, ce n’est pas en utilisant les articles qui sont dans la Constitution. Et puis si cet article de la Constitution est un article de chaos, peut-être ne fallait-il pas dans ce cas là le mettre dans la Constitution. S’il est dans la Constitution, c’est bien pour qu’il puisse être utilisé quand les circonstances le nécessitent. Et quand un président de la République décide de s’asseoir sur le vote des Françaises et des Français, qu’il décide de prolonger de manière indéfinie un gouvernement démissionnaire qui met en place une politique qui va bien au-delà de la simple gestion des affaires courantes… Alors oui, les circonstances sont réunies pour utiliser l’article 68 de la Constitution !
D’autres nous disent que cela ne sert à rien, que c’est impossible. Ah bon, impossible ? Reprenons les étapes les unes après les autres.
D’abord, pour engager l’article 68 de la Constitution, il faut que ce soit signé par 1/10 des députés. 1/10 des députés c’est 58 parlementaires. Cela tombe bien, nous, les insoumis, nous avons plus de 58 parlementaires. Nous allons donc pouvoir déposer la demande de destitution du président de la République. Ensuite, cette demande de destitution doit être examinée et votée à la majorité simple au bureau de l’Assemblée nationale. Cela tombe bien ! Monsieur Attal, Premier ministre démissionnaire et en même temps président de groupe macroniste à l’Assemblée nationale, comme c’est compliqué quand même de faire les deux, il n’a pas été très attentif au moment de l’élection du bureau de l’Assemblée nationale. Il a oublié d’appeler les playmobils pour leur dire qu’il fallait rester et ne pas aller se coucher le soir de l’élection. Et donc, le Nouveau Front Populaire a une majorité au bureau de l’Assemblée nationale ! Si nous déposons cette demande de destitution, elle obtiendra la majorité des votes au bureau de l’Assemblée nationale.
Ensuite, il faut un vote à la majorité simple de l’Assemblée nationale. Il y a paraît-t-il d’autres oppositions à Macron que celle incarnée par le Nouveau Front Populaire. Ce sera l’occasion de le vérifier ! Puis, on nous dit qu’il faut un vote des deux tiers parmi l’ensemble des parlementaires. Quand on prend la calculette, on se rend compte que les députés macronistes des trois groupes de l’ex-minorité présidentielle constituent moins d’un tiers des députés de l’Assemblée nationale. Donc il y a bien deux tiers des députés de l’Assemblée nationale qui normalement, si ils ne racontent pas d’histoire aux gens quand ils sont en campagne électorale, sont opposés au président de la République. Puis, il doit y avoir le vote au Sénat. Moi, je vous dis que vu la configuration politique du Sénat, si le proposition de destitution a été adoptée par deux tiers des députés à l’Assemblée nationale, elle sera adoptée par deux tiers des députés au Sénat, parce qu’alors cela signifiera qu’à l’Assemblée nationale, ceux qui ont joint leur voix à cette procédure de destitution sont ceux qui disposent de la majorité au Sénat.
Voilà, la vérité c’est qu’il existe un chemin pour permettre à cette proposition et démarche de destitution d’être effective. Ah certes, je sais bien que cela ne se fera pas sans pression populaire. Cela ne se fera pas sans mobilisation populaire. Cela ne se fera pas si les députés Les Républicains, spécialistes du cache-cache je-suis-avec-Macron-ou-pas-avec-Macron ne ressentent pas dans leur circonscription, dans leur territoire d’élection, la pression du peuple. Mais cette pression du peuple, elle existe sur ce sujet. Parce que quatre jours après notre proposition, il y avait déjà un sondage disant qu’un Français sur deux était d’accord avec cette proposition de destituer le président de la République. Un Français sur deux ! Quand on a entendu sur tous les plateaux de télévision que de toute façon c’était impossible et que cela ne servait à rien… franchement, il y a la marge pour y parvenir.
Mais nous, les insoumis, on ne compte ni sur les sondages ni sur qui que ce soit pour convaincre. Donc nous allons dans les prochains jours préparer la mise en place de caravanes de la destitution de Macron pour aller partout en France faire signer des pétitions, tenir des réunions publiques, aller dans les préfectures et les sous-préfectures pour informer tout le monde que c’est possible de le faire ! Les insoumis à la fin, on gagne toujours les batailles que l’on engage.
[Un chant s’élève parmi la foule. On est là… On est là, même si Macron ne veut pas nous on est là… !]
Je vois que cette proposition est largement adoptée ! On va y travailler ensemble. Et nous allons montrer une chose simple : c’est qu’en démocratie, il n’existe pas de droit de veto contre la souveraineté du peuple.
Camarades, je vous ai parlé tout à l’heure de Mac-Mahon. Je vous propose, pour conclure cette intervention et pour conclure nos Amfis, de laisser la parole à Gambetta qui s’exprimait à Lille en 1877 face au coup de force de Mac-Mahon. Gambetta disait la chose suivante :
« Quand la seule autorité devant laquelle il faut que tous s’inclinent aura prononcé, ne croyez pas que personne soit de taille à lui tenir tête. Ne croyez pas que quand ces millions de Français, paysans, ouvriers, bourgeois, électeurs de la libre terre française, auront fait leur choix, et précisément dans les termes où la question est posée ; ne croyez pas que quand ils auront indiqué leur préférence et fait connaître leur volonté, ne croyez pas que lorsque tant de millions de Français auront parlé, il y ait personne, à quelque degré de l’échelle politique ou administrative qu’il soit placé, qui puisse résister.
Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien, Messieurs, [disait-il, Mesdames, je rajoute] il faudra se soumettre ou se démettre. »
Chères et chers camarades, merci pour votre participation à ces Amfis.
La bataille continue !