Les locataires n’ont pas à subir l’explosion des prix de l’énergie : mobilisons-nous !

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Les locataires n’ont pas à subir l’explosion des prix de l’énergie : mobilisons-nous !

Il faisait frais ce dimanche matin entre les barres d’immeuble de Frais Vallon à Marseille. Mais la salle qui devait accueillir la réunion convoquée par un collectif de locataires était trop petite face à l’affluence. C’est donc à l’extérieur qu’une centaine de personnes se sont réunies pour échanger et s’organiser face à l’explosion des charges locatives. Il y avait là des habitants du quartier mais aussi des représentants d’autres quartiers de Marseille qui font face à des difficultés de même nature. Et nous étions là avec mon ami Mohamed Bensaada, qui est toujours présent quand il s’agit d’aider à l’organisation des luttes des habitants de nos quartiers populaires.

Le sujet de la lutte ? Il est très simple. Avec l’augmentation des prix de l’énergie, et en particulier celle du prix du gaz, les locataires du bailleur social Habitat Marseille Provence (HMP) sont confrontés à une augmentation vertigineuse du prix des charges locatives. Pour les habitants de Frais Vallon par exemple, cette augmentation peut atteindre 70 euros par mois pour un T1 et jusqu’à 240 euros par mois pour un T6. Des augmentations comprises entre +200% et +300%. Tout simplement intenable.

Face à une telle situation, la plupart des locataires se retrouvent dans l’impossibilité de payer. D’autant plus qu’ils ont déjà de très grandes difficultés à faire face à l’augmentation spectaculaire du prix de la vie (loyers, produits alimentaires, carburant). C’est pourquoi ils ont décidé de se mobiliser collectivement pour demander des comptes au bailleur social, à la métropole Aix-Marseille-Provence à laquelle il est rattaché, et à l’État. Ils rappellent le manque d’information préalable aux locataires, le refus de faire la transparence sur les contrats d’énergie passés par le bailleur et l’absence de dispositif d’accompagnement pour permettre aux locataires de faire face à une telle situation.

Après une première manifestation au mois de janvier, les locataires, soutenus par les associations de locataires et celles du quartier, ont enfin obtenu un rendez-vous avec la direction d’HMP. Il leur a été indiqué une réduction de cette augmentation pour le mois de février 2023 par rapport au mois de janvier 2023. Mais cette promesse reste pour l’instant verbale et l’augmentation resterait tout de même à un niveau bien trop élevé. C’est sans doute une première victoire mais ce n’est pas suffisant.

Cette situation révèle la faillite totale du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement. Dans sa version initiale, il ne s’appliquait qu’aux propriétaires individuels. Face à la colère des associations de locataires, le dispositif a finalement été étendu aux bailleurs sociaux et aux copropriétés. Désormais, l’augmentation des prix de l’énergie est censée être plafonnée pour tous à 15%. Mais en réalité, cette annonce est mensongère car les trous dans la raquette sont multiples.

Ainsi, dans le cas du bailleur HMP, selon les informations qui ont pu être récupérées (mais le bailleur refuse toujours de rendre publics les contrats), un contrat établissant le tarif d’achat du gaz à 20,85 euros le MegaWattHeure (MWh) était en vigueur jusqu’en décembre 2022. Le nouveau contrat aurait été établi sur un tarif d’environ 110 euros… avant que celui-ci ne soit finalement renégocié après la mobilisation des locataires autour de 60 euros.

Or le bouclier tarifaire plafonne l’augmentation à 15% au-delà du tarif réglementé en vigueur qui est déjà autour de 67 euros. Par conséquent, il n’a aucun impact tant que le tarif négocié ne dépasse pas le seuil de 78 euros le Mwh (67 euros + 15%). Le bailleur doit donc prendre à sa charge cette hausse ou bien la répercuter sur les charges des locataires. C’est manifestement le choix qu’a fait HMP dans une opacité totale et sans aucune concertation avec les locataires.

De manière plus générale, on touche ici la faillite d’un dispositif mis en place par l’Etat. Sans aucune volonté politique de mettre à contribution les énergéticiens en intervenant directement sur les marchés, le gouvernement se condamne à coller quelques rustines insuffisantes, mal calibrées et onéreuses. Le résultat ? D’un côté des locataires qui souffrent, de l’autre des énergéticiens qui ont fait des profits faramineux ces derniers mois. Seule une mesure de blocage des prix comme nous l’avons proposé à de multiples reprises permettrait d’éviter de répercuter cette hausse sur le portefeuille de citoyens déjà sévèrement frappés par les difficultés sociales. Mais le gouvernement s’entête sur sa politique du tout marché et refuse d’envisager cette disposition qui existe pourtant dans la loi.

Par conséquent, seule la construction d’un véritable rapport de force peut permettre de gagner. Un rapport de force avec un pouvoir sourd aux revendications populaires et refusant tout bras de fer avec les profiteurs de crise. Un rapport de force avec un bailleur social méprisant et opaque. Un rapport de force avec une collectivité locale qui fait la sourde oreille face à la catastrophe qui frappe des milliers de familles dans les quartiers populaires de son territoire.

C’est pourquoi j’appuie totalement la démarche des habitants qui refusent de payer les hausses de charges indues et je soutiens leur appel à se mobiliser à nouveau le samedi 11 mars devant la préfecture des Bouches-du-Rhône.

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